Grand froid illustration

Hiver 1985 : « Un froid à couper les ponts !».

L’hiver 1985 ravive les souvenirs des hivers 1954 et 1956
05/01/1985
19/01/1985

En janvier 1985, une vague de froid très spectaculaire sévit en France. On dénombre dans le pays des dizaines de morts en quelques jours, dont beaucoup de sans-abris et de personnes âgées. Cette vague de froid présente des chiffres record : -35°C dans le Doubs et 38 cm de neige sur la promenade des anglais à Nice.

Dans le Loiret, le froid débute le 5 janvier et se poursuit intensément jusqu’au 18.

Le 6 janvier, la Loire commence à charrier des glaçons à Orléans où il fait -9°C. Le charriage est de plus en plus important et le 9 janvier la Loire est complétement recouverte par les glaces. L’embâcle atteint ensuite Jargeau le 12 janvier et Gien le 18 janvier, constituant une véritable banquise de 30 à 40 cm d’épaisseur sur 65 kilomètres de long.

Au plus fort de cette vague de froid, le 17 janvier, il fait -18,2°C à Orléans, -21°C à Bonny-sur-Loire et Amilly, et -23°C aux Choux. La station météorologique de Bricy enregistre même son record de température depuis le début des relevés en 1936 avec -16,1°C.

Le froid provoque de nombreux dégâts, et notamment le gel des canalisations qui éclatent, entraînant d’importantes fuites d’eau dans les habitations. La surconsommation de bois provoque également de nombreux de feux de cheminées.

La consommation de fuel augmente considérablement au fil de l’intensification du froid : la Société orléanaise de distribution de chaleur enregistre un passage de 15 à 40 tonnes par jour pour la population au plus fort de l’hiver. La société est alors confrontée à des problèmes de livraison en raison d’une demande très importante.

Les personnes les plus modestes souffrent davantage du froid. Le bureau d’aide social de la mairie d’Orléans, avec l’aide du Secours catholique, participe au relogement des sans-abris dans les pavillons des anciens abattoirs, inoccupés depuis plusieurs années.

Le verglas et la neige sur les routes causent de nombreux accidents, parfois mortels. Le 16 janvier, le pont de Sully-sur-Loire s’effondre alors que la température est descendue à -20°C à 7h30 du matin. Ce pont avait déjà subi 6 destructions lors de son histoire, la dernière datant de 1944 par les bombardements. Selon les expertises, le froid intense depuis près de deux semaines aurait attaqué la solidité des câbles du pont suspendu. La mauvaise qualité de l’acier utilisé pour la reconstruction du pont en 1947 et la réutilisation de pièces de l’ancien pont seraient également à l’origine de la fragilité de l’édifice.

Dans sa chute, le pont entraîne un camion chargé de bois, ainsi que deux voitures et un cycliste. Fort heureusement, aucune victime ne sera à déplorer, le tablier s’étant affaissé sur une plage recouverte de neige et non dans le fleuve, ce qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques.

On craint alors pour les autres ponts suspendus de la Loire. Dans la journée, la préfecture du Loiret fait interdire la circulation aux véhicules de plus de 3,5 tonnes et limiter la vitesse à 30 km/h sur les ponts de Châtillon-sur-Loire, Châteauneuf-sur-Loire, Jargeau, Meung-sur-Loire, et Bonny-sur-Loire.

 

Sources :

PINAULT Karine, Les catastrophes météo dans le Loiret, 2010, Paris, Archives & Culture. Tiré des archives du Loiret.

La République du Centre - janvier 1985 (201 PR-R 1/312)